Centre pénitentiaire – École de Marneffe

La Belgique connaît un afflux de réfugiés juifs allemands et autrichiens ou apatrides d’origine allemande à la fin des années 1930. À l’instar des camps destinés à les accueillir ouverts en Suisse, le gouvernement belge ouvre un premier centre d’hébergement d’une capacité de 600 places à Merksplas, en 1938. D’autres centres furent créés dont celui de Marneffe (550 places), suite à la séance du conseil des Ministres du 2 juin 1939. Les premiers réfugiés juifs arrivèrent déjà en juin, mais l’affectation du domaine ne fut acquise que le 6 juillet. Si l’idée première fut d’accueillir les réfugiés juifs, dès septembre 1939, on constate une évolution de l’utilisation à fin sécuritaire, il est désormais question de surveiller les réfugiés juifs en séjour illégal et de limiter leur liberté de mouvement. Ce centre fermé, surveillé par la Sûreté publique, dépendait de l’Administration générale des prisons, mais bénéficiait également du soutien des Comités d’Assistance aux Réfugiés juifs de Bruxelles et d’Anvers. Le directeur du centre de Marneffe, Michel Charles Matton, dirigeait aussi le centre de Marchin, près de Huy, et y accueilla des réfugiés juifs dès octobre 1939. L’annexion de Marchin à Marneffe ne fut officiellement enterrinée qu’en janvier 1940. Si Marneffe se destinait aux familles, Marchin – dont la capacité d’accueil était de 300 lits – fut consacré principalement à l’hébergement d’hommes célibataires de plus de 45 ans. Le 9 mai 1940, les autorités belges procédèrent à l’arrestation administrative et à l’évacuation des ressortissants allemands ou apatrides d’origine allemande vers la France. Les centres d’internements belges furent ainsi évacués et leurs réfugiés furent, en partie, envoyés dans les camps de Saint-Cyprien pour les hommes, Gurs pour les femmes, Rivesaltes pour les familles et les Milles. Dès l’été 1940, les autorités allemandes firent rapatrier leurs ressortissants, mais nombreux furent les Juifs qui restèrent internés en France jusqu’à l’été 1942, avant d’être transférés à Drancy, étape ultime avant leur déportation pour Auschwitz. Les bâtiments du centre de Marchin furent restitués à l’Administration des Domaines de Huy en septembre 1940, tandis que le centre de Marneffe resta en activité, sous le nom de Centre pénitentiaire agricole, et accueillit dès 1942 des jeunes détenus belges de droit commun. L’établissement fut ensuite transformé en centre pénitentiaire-école destiné à former de jeunes délinquants francophones.