Camps d'internement dans la Vienne
Web Source
https://archives-deux-sevres-vienne.fr/ark:/28387/vtaad775758328d0b7d
https://francearchives.gouv.fr/findingaid/1fb9c145a96dbd23719e88d2068de677f164eb41
Extent and Medium
Document d'archives
Biographical History
La cote 109 W des Archives départementales de la Vienne ne correspond ni à un fonds, ni à un versement. Riche de 423 articles, représentant 23,6 mètres linéaires, cet ensemble de documents a été composé à partir de plusieurs versements effectués aux Archives par différents producteurs.
On y trouve des documents produits par :
-la préfecture de la Vienne (291 articles pour 15,54 mètres linéaires) – émanant principalement du deuxième bureau de la première division (pour un total de 283 articles représentant 15, 3 mètres linéaires), mais aussi du troisième bureau de la première division, du premier bureau de la deuxième division, et des deux premiers bureaux de la troisième division,
-le service des Bâtiments départementaux (3 articles, 5 centimètres linéaires),
-la sous-préfecture de Châtellerault (13 articles pour 14 centimètres linéaires),
-quatre camps d'internement de la Vienne : camp de Poitiers-route de Limoges (66 articles, 4,43 mètres linéaires), camp de Rouillé (34 articles, 2,11 mètres linéaires), camp de Poitiers-La Chauvinerie (10 articles, 90 centimètres linéaires) et de Châtellerault (6 articles, 49 centimètres linéaires).
Ces documents ont été réunis autour du thème de l'internement dans la Vienne au cours de la Seconde guerre mondiale ; ils concernent non seulement les camps d'internement eux-mêmes, mais aussi différentes questions qui y sont liées, comme les affaires juives pendant l'Occupation, ou l'Epuration à la Libération.
Contexte de production des documents
Pendant l'Occupation
En juin 1940, suite à l'invasion allemande, la Vienne est traversée du nord au sud par la ligne de démarcation. Le préfet, installé à Poitiers, conserve l'administration de la partie occupée du département (la sous-préfecture de Montmorillon est rattachée administrativement à Limoges). Représentant de l'Etat français, il y exerce sa charge au nom du gouvernement de Vichy ; la présence de l'occupant pèse également sur ses décisions.
Le régime de Vichy remet à l'honneur la fonction préfectorale : interlocuteur privilégié de l'administration centrale et son principal relais, le préfet est au cœur de l'organisation administrative locale. La loi du 23 décembre 1940 en fait le seul représentant dans le département du chef de l'Etat ; responsable devant le président du Conseil des ministres, il est chargé dans le département de l'application des décisions du gouvernement et de la surveillance de l'exécution des lois. Les pouvoirs concentrés entre ses mains s'appliquent notamment dans le domaine de l'internement administratif et dans les « affaires juives ».
Vichy hérite de la IIIe République d'importantes dispositions législatives relatives à l'internement. Le décret-loi du 12 novembre 1938 avait donné aux préfets le pouvoir d'interner les étrangers indésirables ; cette mesure avait notamment été utilisée pour faire face à l'arrivée massive d'exilés espagnols au début de 1939. La loi du 18 novembre 1939, votée en état de guerre, avait élargi cette possibilité à tout individu, étranger ou non, suspecté de porter atteinte à la défense nationale ou à la sécurité publique. Ne connaissant aucune borne, cette mesure ne relève pas de la procédure judiciaire, mais est entièrement aux mains du préfet : on parle d'internement administratif. L'essentiel de ces dispositions est repris par Vichy dans la loi du 3 septembre 1940. Maître de l'internement administratif, le préfet reçoit dans la foulée la gestion locale des camps d'internement, qui passent de la tutelle du ministère de la Guerre à celle du ministère de l'Intérieur (loi du 17 novembre 1940). La création de préfets régionaux aux pouvoirs de police élargis (loi du 19 avril 1941), ne change pas la donne, même si ceux-ci ont tendance à intervenir dans les affaires du département où ils sont installés. C'est le cas dans la Vienne, où Poitiers devient capitale de région .
Dans un premier temps, l'internement administratif ne joue qu'un rôle marginal dans la stratégie de l'occupant (celui-ci exige toutefois l'internement des nomades, dans la zone occupée, dès décembre 1940). En revanche, il constitue un moyen important pour l'Etat français dans sa politique de régénération de la société. Il l'emploie contre les opposants politiques (notamment contre les communistes), les déviants et les juifs.
Les préfets tiennent par ailleurs un rôle central dans l'application de la législation juive de Vichy ; en zone nord, ils doivent aussi compter dans ce domaine avec les volontés de l'occupant. Dès le 27 septembre 1940 une ordonnance allemande y prescrit un recensement systématique de la population israélite ; Vichy prend de son côté des dispositions analogues, avec les deux statuts des juifs en 1941 et 1942. Des mesures discriminatoires sont mises en œuvre, comme le port de l'étoile jaune obligatoire pour tout juif âgé de plus de 6 ans en zone nord (7 juin 1942). Les camps d'internement, tenus par l'administration préfectorale, servent de lieux de regroupement des juifs arrêtés à partir de juillet 1941. Ce rôle ne fait que croître avec l'application, à partir de 1942, d'une politique systématique de collaboration d'Etat : les camps deviennent une pièce maîtresse dans la déportation vers Drancy, puis vers les camps d'extermination en Allemagne.
Le département de la Vienne est particulièrement concerné dans ce domaine. Les aléas de la guerre l'ont en effet doté d'une population juive importante. Au déclenchement de la guerre, il sert de département de replis pour les Mosellans. Les réfugiés comptent de nombreux juifs, dont le rabbin Elie Bloch ; les étrangers israélites sont nombreux, notamment les Allemands et les Polonais fuyant les persécutions. De plus, la Vienne a dû accueillir, à l'automne 1940, les populations, notamment juives (mais aussi nomades) interdites de séjour en Gironde et dans la zone littorale. En novembre 1941, on dénombre environ 1400 juifs dans le département.
Face à ces charges qui lui incombent, notamment la gestion des deux camps que compte le département à cette époque, la préfecture de la Vienne doit s'organiser, sans que soit procédé, dans un premier temps, à une nouvelle répartition des attributions entre ses bureaux. Le deuxième bureau de la première division, dévolu jusqu'alors à la comptabilité générale des ministères (arrêté préfectoral du 23 juin 1938), semble plus particulièrement chargé du suivi des camps d'internement. L'arrêté préfectoral du 16 septembre 1941, pris par le nouveau préfet, Louis Bourgain, affecte à la première division l'administration générale et la police. Le deuxième bureau reçoit, entre autres attributions, les questions juives et les mesures de police relatives aux camps de concentration. Leur administration est théoriquement confiée au deuxième bureau de la division des Services annexes nécessités par l'état de guerre ; dans les faits, le deuxième bureau de la première division assume la gestion complète des camps (notamment en ce qui concerne l'attribution des secours aux familles des internés, sous forme d'allocations militaires), en rapport étroit avec le bureau du cabinet, pour les questions de personnel. En avril 1943, la tutelle des camps d'internement est confiée au préfet délégué de la Vienne, le préfet étant par ailleurs chargé des fonctions de préfet régional.
Pendant l'Occupation, deux camps sont en service dans la Vienne.
Le plus ancien est établi à Poitiers ; installé le long de la route nationale n° 147, qui lui donne son nom (on parle souvent de « camp de la route de Limoges »), il ouvre dès février 1939 pour les réfugiés espagnols évacués vers l'arrière. Il compte alors une quinzaine de baraquements en bois. En décembre 1940, les autorités allemandes exigent de la préfecture qu'il serve à l'internement des nomades expulsés de la Gironde. En juillet 1941 y sont regroupés les juifs arrêtés ; il sert jusqu'en 1944 de lieu de concentration pour les juifs avant leur déportation vers Drancy. En raison de l'engorgement de prison de la Pierre-Levée à Poitiers, on y installe également, à partir d'octobre 1943 et jusqu'en septembre 1944, un quartier pénitentiaire pour détenus de droit commun, ainsi que pour des individus internés à la demande des autorités d'occupation. Le camp de Poitiers-route de Limoges compte jusqu'à 800 internés.
Un autre camp est aménagé en mai 1941 sur la commune de Rouillé (canton de Lusignan) le long de la voie ferrée Poitiers-Niort, non loin de la gare. On adjoint neuf baraques aux neuf initialement prévues pour l'accueil des réfugiés de Moselle. Le camp entre en fonction en septembre 1941, lorsqu'il reçoit 150 communistes raflés dans la région parisienne et jusqu'ici internés à Aincourt (Seine-et-Oise). Il se spécialise ensuite dans l'internement des politiques, droit-commun, indésirables et trafiquants du marché noir. Les transferts de meneurs communistes vers Compiègne sont nombreux. Le 11 juin 1944, le camp subit une attaque des Forces françaises de l'Intérieur, qui libèrent une partie des internés politiques. Devant l'insistance des autorités allemandes, la préfecture décide alors la fermeture du camp : les internés (et les documents qui les concernent) sont transférés vers le camp de Poitiers-route de Limoges ; le camp est fermé en août.
On peut noter enfin que le pavillon Dalesme de l'Hôtel Dieu, en centre ville, est aménagé dès 1942 en quartier réservé à l'hospitalisation des internés, qu'ils proviennent des camps de Rouillé ou de Poitiers.
A la Libération
La libération du territoire national n'entraîne pas, loin s'en faut, la fin de l'internement administratif. Ce dernier tient en effet une place capitale dans le processus d'épuration qui s'enclenche alors. Il est utilisé pour assurer la sécurité de la nation contre les ennemis susceptibles de menacer la lutte libératrice sur les arrières, mais aussi la protection contre une vengeance populaire immédiate des suspects ou des coupables de collaboration avec l'ennemi. Le préfet use par ailleurs de son pouvoir d'assigner à résidence ailleurs que dans un camp d'internement, ou bien d'interdire de séjour un individu sur une zone géographique donnée. Même s'il a autorisé la poursuite de l'internement administratif, le gouvernement est animé du désir d'assurer un retour rapide à la légalité républicaine ; il insiste donc sur le caractère exceptionnel de la procédure, et enjoint que soient mises en place, dans les départements, des commissions de vérification qui examinent les dossiers des internés et proposent soit leur libération, soit leur déferrement devant les cours de justice.
Les camps d'internement ne servent pas qu'à l'Epuration : ils sont également utilisés pour emprisonner les individus suspects de menées hostiles, dans les zones de combat. De nombreux individus, Allemands et Français, sont ainsi arrêtés en Alsace-Lorraine, puis en Allemagne, à mesure que les troupes y prennent pied ; d'abord regroupés dans des camps alsaciens (notamment à Schirmeck et au Struthof), ces prisonniers de guerre sont envoyés vers des camps installés à l'arrière.
L'ordonnance du 29 février 1944, qui attribue au commissaire régional de la République le pouvoir d'interner, confirme le rôle de la préfecture dans l'administration des camps. Le deuxième bureau de la première division reste en charge, comme pendant l'Occupation, de leur gestion. L'arrêté préfectoral du 9 août 1945 attribue au deuxième bureau de la première division l'ensemble de la gestion des centres de séjour surveillés (matériel, aménagement, contrôle des effectif, réception des rapports périodiques des directeurs de camp, aspects de discipline intérieure, nomination, avancement et révocation du personnel). Le deuxième bureau reçoit également la charge des relations entre la préfecture et les cours de Justice, notamment en ce qui concerne les libérations conditionnelles.
La période suivant la Libération voit quatre camps fonctionner dans la Vienne.
Les deux camps ouverts pendant la guerre sont réutilisés, avec une grande continuité dans leur gestion par la préfecture.
Le camp de Poitiers-route de Limoges accueille dès le 6 septembre 1944 des collaborateurs présumés. En activité jusqu'au 31 octobre 1945 (même s'il est question de le fermer dès mars), il est affecté le 21 novembre 1945 au casernement de la Compagnie républicaine de sécurité n° 91. Celle-ci quitte les lieux le 20 décembre 1946.
Le camp de Rouillé, fermé à l'été 1944, reprend du service en septembre 1944. Dissout en février 1945, il rouvre ses portes, sous administration militaire, en mai, pour les recevoir des prisonniers de guerre. En septembre 1946, il est mis à disposition de l'administration pénitentiaire, qui en fait un lieu de détention pour les femmes condamnées par la Cour de justice. Le centre ferme définitivement en octobre 1947.
Pour faire face aux besoins accrus de lieux de détention, deux camps sont créés en sus.
Le camp de Châtellerault est ouvert au mois de septembre 1944 par les Forces françaises de l'Intérieur, dans les locaux de la caserne De Laage. En novembre, il passe aux services pénitentiaires, donc sous tutelle préfectorale ; il déménage dans l'ancien collège de garçons, en centre-ville. L'installation accueille des suspects, hommes et femmes, arrêtés pour la plupart sans ordre préfectoral ; leur statut pose des problèmes de régularité importants. La gestion du camp de Châtellerault est en partie déléguée par le préfet de la Vienne au sous-préfet, par ailleurs chargé de la surveillance de l'épuration dans son arrondissement : il reçoit les rapports du directeur du camp, contrôle les effectifs, veille au recrutement et à la gestion du personnel, ainsi qu'aux conditions de vie des détenus. Le camp ferme en mars 1945 : les internés sont alors dirigés vers le camp de Poitiers-route de Limoges.
Un autre camp ouvre en septembre 1944 à Poitiers, dans les faubourgs ouest, au lieu-dit La Chauvinerie. Dans un premier temps sous administration militaire, il est mis à disposition, en janvier 1945, du ministère de l'Intérieur pour servire à la détention de suspects (Allemands principalement) arrêtés sur le front. Les premiers internés arrivent au camp en février. La préfecture procède, au fur et à mesure des vérifications, au rapatriement de ces prisonniers. Le camp est dissout en décembre 1945.
Archival History
Les archives des camps de Poitiers-route de Limoges, Rouillé et Poitiers-La Chauvinerie sont récupérées à leur fermeture par le deuxième bureau de la première division de la préfecture, chargé de leur tutelle. Les archives du camp de Châtellerault ont un parcours plus compliqué : les documents concernant l'administration et le personnel sont récupérés par la sous-préfecture, alors que ceux ayant trait aux internés sont dirigés vers le commissariat de la ville.
L'ensemble de documents coté 109 W est un produit des Archives départementales, réalisé à des fins documentaires, sans respect de la provenance des fonds. Son mode de constitution, sur ce point, n'est pas sans analogie avec celui des sous-séries modernes. Alors que certains versements de différents bureaux de la préfecture étaient, en raison de leur sujet, affectés à la sous-série R8, « Affaires militaires : Seconde guerre mondiale » (recoté en 76 W), d'autres y échappent. Sont en effet « prélevés pour reclassement », dans certains versements, des documents provenant du deuxième bureau de la première division (et, par son intermédiaire, des camps) , d'autres bureaux de la préfecture , du service des Bâtiments départementaux , de la sous-préfecture de Châtellerault et du commissariat de cette ville , ayant pour point commun de se rapporter de près ou de loin à l'internement administratif et aux camps d'internement.
Ces documents concernent principalement la période 1940-1946, bien que l'amplitude de dates soit plus large (1939-1964), en raison de la gestion par le deuxième bureau de la première division des suites de la guerre dans les domaines de sa compétence.
L'ensemble de documents, non coté, est tout d'abord conservé à la préfecture, dans les locaux des Archives départementales, puis rue Edouard-Grimaux, quand le service y déménage ; c'est là qu'il reçoit une cote, 104 W, au milieu des années 1980.
Au cours du retraitement du 104 W, à l'été 2003, un fichier des internés de Rouillé, repéré au moment du récolement, versé le 22 septembre 1958 avec d'autres fichiers provenant de la préfecture et des camps, qui, eux, ont intégré 104 W,, a été intégré. Afin d'éviter toute difficulté lors de la communication, l'ensemble a reçu une nouvelle cote, 109 W.
Acquisition
Le mode de constitution de 109 W ne permet pas de suivre exactement les entrées des documents qui le composent. On a pu pourtant déceler huit versements du deuxième bureau de la première division : mars 1944, 29 avril 1944, mars 1945, 30 août 1945, 12 novembre 1947, 18 avril 1955, 22 septembre 1958, 15 juin 1961 (bordereaux dactylographiés) ; d'autres documents ont été versés à d'autres occasions, sans que l'on ait pu en retrouver la trace.
On n'a pu retrouver que la mention, au sein d'un versement du premier bureau de la deuxième division, le 11 janvier 1956, d'un dossier concernant les « affaires du camp de La Chauvinerie », accompagné de la mention « classé avec les archives des camps » (bordereau dactylographié) ; les recherches pour les autres bureaux n'ont donné aucun résultat.
Sous-préfecture de Châtellerault : versement du 27 février 1956 (bordereau dactylographié).
Commissariat de Châtellerault : versement du 20 février 1956 (bordereau dactylographié).
Scope and Content
Par la période qu'il concerne (Occupation et Libération), ainsi que par les sujets qu'il permet d'aborder, l'ensemble 109 W est revêtu d'un intérêt historique évident. Comportant des documents rédigés en langue allemande (circulaires de l'autorité allemande, éléments de correspondance émanant de la Feldkommandantur 677 – le plus souvent traduits – , listes et rapports – bilingues –) ainsi qu'un ensemble de 32 photographies, il permet d'appréhender les modalités d'application dans la Vienne occupée de la législation anti-juive, ainsi que certains aspects de la période sensible de l'Epuration ; mais il est surtout possible, par son intermédiaire, de connaître le fonctionnement des camps d'internement dans la Vienne au cours de la période.
Les documents peuvent être exploités à différents titres, dont on se borne ici à ne donner que des pistes.
Ces archives sont souvent tout ce qui reste de tangible de l'existence des camps d'internement : le camp de Poitiers-route de Limoges a totalement disparu, remplacé par des immeubles avenue Jacques-Cœur (seule une plaque en perpétue la mémoire) ; des installations en bois du camp de Rouillé il ne subsiste rien ; le souvenir de l'utilisation comme centre d'internement de la caserne de La Chauvinerie à Poitiers, de la caserne De Laage et de l'ancien collège de garçons de Châtellerault est largement perdu, même pour la population locale. Les documents permettent à un large public d'approcher l'univers des camps, ceux et celles qui les peuplaient, les conditions de vie qui y étaient de rigueur, ainsi que le rôle joué par les autorités françaises pendant l'Occupation.
Les archives regroupées sous la cote 109 W sont riches, et se prêtent bien à une exploitation par l'historien. Les importantes séries de dossiers individuels (internés et personnels) autorisent une approche statistique ; les données fournies par ces séries peuvent être confrontées aux nombreux autres documents que recèlent les différents fonds. Par ailleurs, si le camp de Poitiers-route de Limoges a fait l'objet d'études approfondies, les monographies des camps de Rouillé, Poitiers-La Chauvinerie et Châtellerault restent à écrire.
Enfin, ces documents peuvent s'avérer utiles au lecteur en quête de ses origines, ou qui, ayant eu a souffrir, personnellement ou au travers de sa famille, des vicissitudes de cette période troublée, souhaite faire établir ses droits.
Afin de tirer parti au mieux des documents, le lecteur, quelle que soit son approche, doit mettre à profit la complémentarité des documents. Le sommaire lui permettra d'avoir une vue générale du plan de classement ; d'autre part, il trouvera en fin du répertoire une table de concordance des cotes de 109 W avec celles de 104 W, une table des noms de lieux, ainsi qu'un index alphabétique.
Appraisal
Etant donné l'aspect particulièrement sensible de la période envisagée, on s'est contenté, au cours du classement, d'éliminer les seuls doubles des documents administratifs sans grand intérêt (circulaires et instructions ministérielles, principalement), ainsi que les papiers de corbeille, ce qui représente une élimination d'une trentaine de centimètres linéaires.
System of Arrangement
Voué à la recherche documentaire, essentiellement pour répondre aux demandes de la préfecture pour la délivrance d'attestations d'internement, l'ensemble 109 W a subi, tout au long de sa constitution, un ensemble d'opération de classement. Ainsi, les documents relatifs à un camp, qu'ils proviennent de la préfecture, de la sous-préfecture de Châtellerault ou du camp, avaient été regroupés au sein de dossiers thématiques. Les demandes portant généralement sur l'internement d'un individu, on n'a pas touché aux dossiers nominatifs tenus par la préfecture ou par les camps (même si on en a visiblement créé de nouveaux à partir de pièces éparses), et on a regroupé sous la dénomination de « feuilles collectives » d'autres documents, quel qu'en soit le sujet, quand ils comportaient plus de deux noms propres. Un instrument de recherche manuscrit est venu sanctionner cet état de fait, en masquant les problèmes de respect de provenance.
Le retraitement effectué à l'été 2003 a été l'occasion de donner à l'ensemble une lisibilité dont il était privé jusqu'alors. Il a été choisi, pour des raisons pratiques mais aussi afin de ne pas rajouter en complexité à la situation, de maintenir l'ensemble des documents sous une même cote ; un reclassement s'imposait dès lors, appliquant au maximum les principes du respect des fonds.
On a en premier lieu veillé à regrouper les dossiers et documents qui émanaient d'un même producteur, afin de permettre une lecture par provenance. La question a été particulièrement délicate pour un certain nombre de documents, comme des listes nominatives sans date ni mention de service producteur : quand ils était isolés au sein d'un groupe de feuilles collectives, on les a attribué à la préfecture ; quand ils faisaient partie d'un ensemble cohérent, on les y a maintenu. Les brassages multiples des fonds et parties de fonds n'ont que très rarement préservé l'ordre originel ; on a été attentif à le respecter quand il avait été maintenu, par exemple dans le cas des chronos de courrier issus des camps.
La majeure partie des documents produits par la préfecture est issue de l'activité du deuxième bureau de la première division ; on a veillé à faire ressortir, dans le classement, les différentes attributions de ce bureau, qui n'apparaissaient pas clairement jusqu'ici. On a ainsi mis en valeur le rôle du bureau dans le domaine des affaires juives, de l'Epuration, outre celui de tutelle des camps d'internement, déjà bien connu.
Les différents fonds ou morceau de fonds de 109 W apportent des informations complémentaires. On a donc suivi, dans la mise en ordre des documents, une organisation, suggérée par l'état du classement, qu'on a voulu parallèle entre ces différentes entités.
On a ainsi distingué, dans les documents de la sous-préfecture de Châtellerault, ceux qui traitaient de la tutelle du camp d'internement de ceux qui concernaient la surveillance de l'Epuration, suivant en cela le plan de la préfecture.
Pour les documents concernant les camps eux-mêmes, qu'ils proviennent des camps, de la sous-préfecture de Châtellerault ou du deuxième bureau de la première division de la préfecture, on a retenu le plan de classement suivant, en l'adaptant à chaque situation :
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Contrôle général des camps (pour la préfecture) et Compte-rendu de l'activité du camp (pour les camps). Ces deux rubriques vont de pair. La préfecture est en effet un relais capital dans le contrôle des camps d'internement par le gouvernement central : elle reçoit les rapports synthétiques sur la situation de chaque camp en ce qui concerne les internés, le personnel et la marche générale du camp, et produit elle-même des synthèses à la demande du ministère ; chaque directeur de camp est tenu de lui rendre compte, de façon périodique ou à la demande, de la situation de son camp.
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Internés. Maintenir un grand nombre d'individus dans des camps d'internement suppose une gestion administrative de leur effectif. Elle comporte le contrôle de l'effectif des internés, l'organisation, la mise en œuvre et le contrôle de leurs mouvements, que ce soit à titre individuel ou collectif (transferts par convois), leur libération, et le suivi administratif de chaque interné (dossiers individuels).
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Personnel. La préfecture se doit d'organiser et de contrôler la gestion du personnel nécessaire à la marche des camps : elle surveille ainsi son effectif, gère les carrières (recrutement, nomination, avancement, sanction et licenciement), les mouvements, et suit de façon individuelle chaque agent (dossiers individuels). Là aussi, ce contrôle est effectué en collaboration avec les directeur des centres, qui gardent dans leurs archives les documents correspondants.
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Marche générale du camp. On a regroupé ici tous les documents relatifs aux conditions de vie dans les camps et à leur organisation générale. On trouvera donc sous cette rubrique les dossiers relatifs à la mise en route des camps, à leur dissolution, aux travaux et aménagements nécessaires à leur bon fonctionnement, aux aspects de police des camps (défense, gardiennage, maintien de la discipline), et, de façon plus large, aux conditions matérielles propres à chaque camp.
Conditions Governing Access
Archives publiques
Accès libre
Publication Note
Fleury (Jean) « Le camp de la route de Limoges à Poitiers », Monde gitan, n° 31, 1974, p. 1-7.
Levy (Paul) « Poitiers, antichambre de la Shoah », Le monde juif, n° 153, janvier-avril 1995, p. 120-143.
Levy (Paul) Un camp de concentration français : Poitiers (1939-1945), Paris, 1995, 338 p.
Peschanski (Denis) La France des camps : l'internement (1938-1946), Paris, 2002, 549 p.
Picard (Roger) « La répression du marché noir entre 1941 et 1944 : le camp de Rouillé (Vienne) », Le temps des restrictions (1939-1949), Paris, 1996 (Cahiers de l'Institut d'Histoire du temps présent 32-33), p. 411-416.
Picard (Roger) « Rouillé (septembre 1941-juin 1944) », Les communistes français de Munich à Châteaubriant (1938-1941), Paris, 1987, p. 192-198.
Note(s)
Note de l'EHRI : cette description a été établie à partir des données figurant sur le site FranceArchives en respectant la licence ouverte (type Etalab) proposée par le fournisseur.
Process Info
Pierre-Frédéric Brau, conservateur du Patrimoine-stagiaire avec la participation de Gérard Bonnomet , Sylvie Boudaud, Pierre Carouge, Delphine Kinder, Anne-Marie Morillon, Matthieu Pény et Franck Séroul ; sous la direction de Mireille Jean, directrice des Archives départementales de la Vienne
Genre
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